LES SAISONIERS ESPAGNOLS AUX VIGNOBLES FRANÇAIS
La inmigración española en Francia durante el siglo XX
Los españoles han inmigrado hacia Francia desde finales del siglo XiX, sobretodo en las regiones fronterizas. La evolución política y económica influirá fuertemente.
- La 1ª Guerra Mundial : de 106.000 pasa a 255.000. España no participa en el conflicto pero aprovecha para vender productos agrícolas a los beligerantes, lo que implica una subida de los precios dramática, propiciando la inmigración a regiones fronterizas para trabajos agrícolas, aunque muchos fueron al norte, a las fábricas de armamento. La mayoría regresará en 1918, pero viendo que las condiciones económicas siguen mal, volverán a Francia al año siguiente. Las condiciones de trabajo y alojamiento serán muy precarias.
Chantier à la Plaine Saint-Denis sur lequel étaient employés de nombreux Espagnols en 1926. Photographe ambulant. Collection particulière. Source: Natacha Lillo.
- Años 20: La presencia española aumenta regularmente a través de las redes migratorias. Constituye la 3ª nacionalidad extranjera en Francia. en 1921 tres cuartas partes de los 322.000 españoles viven en el sur y provienen de regiones fronterizas.
-Años 30: en 1931, 55.000 inmigrantes españoles trabajan en los viñedos del sur. Algunos consiguen ahorrar y compran tierras. En 1938 había 17.000 propietarios agrícolas españoles.
Famille espagnole de la Plaine Sain-Denis au début des années 1930. Collection particulière Angeles S.C. Source: Natacha Lillo.
Pero la mayoría de los españoles vivían en los departamentos industrializados (Seine, Rhône, Isère...), en la metalurgia, siderurgia, química, minas. Los hombres llegabam¡n primero y después hacían traer a la mujer y los hijos.
A partir de la crisis de 1929, se reduce el número de inmigrantes. En 1932 Francia establece cuotas y se pasa de 352.000 a 254.000. Por otra parte también influye en esta disminución de la inmigración la proclamación de la Segunda República.
Demande de naturalisation de José Pascual et de sa femme, née Josephine Combes, citoyans espagnols, 1929. document conservé aux Archives Nationales, Paris.
Paralelamente se produce un aumento de las solicitudes de naturalización, sobretodo en españoles casados con una francesa. En estos años, la inmensa mayoría de las familias españolas residentes en Francia no vuelven a España. La Guerra Civil, la Segunda Guerra Mundial y el cierre de la frontera pirenáica hasta 1948 conlleva la pérdida de relaciones con la Península.
-Años 40/ 70: los pasajes clandestinos de los Pirineos aumentan. Se trata de refugiados políticos y cada vez más "económicos". En 1956 se crea el Instituto Español de Emigración (IEE) y el flujo migratorio aumenta nuevamente. En 1968 los 607.000 españoles constituyen la 1ª nacionalidad extranjera.
Perpignan 1975, arrivée des vendangeurs espagnols . Hervé Donnezan /Rapho/Musée national de l`histoire et des cultures de l'inmigration, CNHI.
En los años 60 y 70 la presencia de los españoles se localiza en la región parisiense, en la industria automovilística y el servicio doméstico. Lo novedoso del momento es la inmigración de mujeres solas, sin la compañía masculina. Muchas eran solteras, pero también muchas eran casadas que , una vez colocadas y alojadas hacían venir a sus maridos e hijos.
Vie quotidienne d' une bonne espagnole à Paris, 1962. Jean-Philippe Charbonnier / Agence Rapho. Collection musée national de l' histoire et des cultures de l'inmigration, CNHI.
- Años 70/80: La evolución económica y política propició numerosos retornos a España. La crisis de 1973 en Francia y la transición hacia la democracia en España, junto con los 10.000 francos que el gobierno francés entregaba a cada trabajador que aceptaba dejar su empleo para regresar. De 498.000 españoles en 1975 se pasa a 321.000 en 1982.
Affiche éditée par l'Office national des migrations, 1980. Collection Génériques.
Testimonios.
Alors qu'une vague de
froid nous surprend après un mois d'octobre jusque là si chaud et que même lou
razimage, le grappillage est compromis, revenons vite sur cette période bénie
des vendanges et "l'exotisme espagnol" s'y attachant, dans ce Languedoc
qui fut jadis le plus grand vignoble au monde !
LES ESPAGNOLS.
Longtemps frontaliers et clandestins s’ils ne décidaient, à terme, de s’installer, forcés et si mal accueillis lors de la Retirada (début 1939), la fuite des Républicains devant les troupes franquistes, ensuite au gré des crises économiques, du chômage, du niveau de vie même si l’Espagne s’est épanouie et modernisée au sein de l’Europe, dans notre Midi viticole, les travailleurs espagnols ont apporté à la population permanente et forment un contingent de vendangeurs longtemps indispensables et toujours présents d’ailleurs à présent que la récolte manuelle garantit un produit final de qualité.
LES ESPAGNOLS.
Longtemps frontaliers et clandestins s’ils ne décidaient, à terme, de s’installer, forcés et si mal accueillis lors de la Retirada (début 1939), la fuite des Républicains devant les troupes franquistes, ensuite au gré des crises économiques, du chômage, du niveau de vie même si l’Espagne s’est épanouie et modernisée au sein de l’Europe, dans notre Midi viticole, les travailleurs espagnols ont apporté à la population permanente et forment un contingent de vendangeurs longtemps indispensables et toujours présents d’ailleurs à présent que la récolte manuelle garantit un produit final de qualité.
COMMENT
VIENNENT-ILS ?
Ce flux de travailleurs s’est mis en place avec le temps. Dans le Biterrois, des propriétaires ont envoyé un recruteur juste après la frontière, dans l’Empurda. Par la suite c’est officiellement que ce flux de travailleurs s’organise. L’employeur qui connait ses employés leur communique la date des vendanges, l’Office d’Immigration espagnol à Figueras vérifie leur santé et remet un bon de voyage (14 F pour l’Aude en 1961). Au niveau du département d’accueil, les vendangeurs étaient enregistrés pour un mois mais pouvaient prolonger même pour la cueillette d’autres fruits. S’ils changeaient de département, un deuxième contrat était nécessaire.
Ce flux de travailleurs s’est mis en place avec le temps. Dans le Biterrois, des propriétaires ont envoyé un recruteur juste après la frontière, dans l’Empurda. Par la suite c’est officiellement que ce flux de travailleurs s’organise. L’employeur qui connait ses employés leur communique la date des vendanges, l’Office d’Immigration espagnol à Figueras vérifie leur santé et remet un bon de voyage (14 F pour l’Aude en 1961). Au niveau du département d’accueil, les vendangeurs étaient enregistrés pour un mois mais pouvaient prolonger même pour la cueillette d’autres fruits. S’ils changeaient de département, un deuxième contrat était nécessaire.
C’est aussi à
Figueras que les trains spéciaux de vendangeurs sont formés. Les travailleurs
vont descendre tout au long du parcours, surtout dans les Pyrénées Orientales,
l'Aude, l'Hérault, le Gard, attendus à la gare par le patron qui les amène à la
propriété.
Il existe aussi des
impresarii chargés de former des colles, des équipes de vendangeurs, des
cuadrillas souvent issues d’un même village. Ils peuvent organiser le transport
par car.
Comme pour tout,
certains opèrent honnêtement d’autres abusent et appliquent des frais abusifs
de dossiers ou sur le transport.
En 2018, certains
forment des groupes qui commencent dans les zones les plus précoces et
terminent là où les vendanges sont tardives et les vendangeurs espagnols se
font embaucher dans la France entière.
Nous devons les
superbes photos à André Cros, photo-reporter au journal Sud-Ouest agence de
Toulouse, jusqu'en 1988. Le journaliste a confié des milliers de photographies
dont celles de ces vendangeurs dans les Corbières (si quelqu'un peut préciser à
proximité de quel village sont ces moulins qu'on voit sur l'une d'elles) aux
Archives Municipales de Toulouse qui les met gracieusement à la portée du grand
public... Un grand merci à cet Internet du partage !
Les mots tant
occitans qu’ibériques voisinent et se ressemblent. Latins, voisins, cousins,
les Européens du Sud ont entretenu et perpétué les échanges, souvent la force
de travail contre une rémunération, un différentiel de niveau de vie jouant,
aggravé parfois par les crises économiques et les intransigeances politiques.
Ainsi notre arc méditerranéen, surtout pour ce qui ressort de l’agriculture, a
vu arriver, de Menton à Banyuls, sur un gros siècle d’Histoire, des Italiens et
des Espagnols. L’injuste inégalité sociétale et la prise de pouvoir par des
régimes autoritaires et fascistes de Mussolini et de Franco, ont poussé les
plus exploités, les plus pauvres, à migrer. Parmi ces migrants d’abord
saisonniers, certains se sont installés à terme ; un mouvement toujours
d’actualité, bien que plus modeste.
A Fleury, on les
remarquait surtout pour l’animation aussi entraînante qu’exotique qu’ils
apportaient aux vendanges. Le reste de l’année, au contraire, la colonie
espagnole restait des plus discrètes, solidaire pour résister aux jalousies,
aux pulsions xénophobes confortées par une minorité d’imbéciles malheureusement
plus voyants et audibles qu’une majorité ouverte mais silencieuse, elle.
« Espagnol de
merde ! », « travailler comme un Espagnol » ! J’avais
moins de quinze ans… pas besoin de demander, de me référer à qui, à quoi que ce
soit pour être vraiment choqué par ces invectives à l’emporte-pièce et sans
fondement ! Comparaison n’est pas raison dit-on mais force est de faire un
parallèle entre ces mouvements européens et les migrations actuelles,
extérieures à l’Europe, sous-tendues par une religion d’essence aussi
hégémonique qu’agressive. Le roi Hassan II ne disait-il pas que contrairement à
un Européen un Marocain ne deviendrait jamais français ?
A Béziers la place
d’Espagne ne l’est plus que de nom et c’est plus flagrant encore si on évoque
l’historique de la colonie espagnole de la ville, celle qui fait la meilleure
paella de la feria.
Luis
Iglesias Zoldan, son président, rappelle que tout fut loin d’être rose :
« Les
Espagnols venus pour travailler dans les vignes fin XIXème ont mis 31 ans avant
d’avoir le droit d’être soignés dans les hôpitaux publics : au départ la
colonie espagnole leur servait de mutuelle…/… les vendangeurs qui arrivaient
par wagons dans les années 60 étaient exploités dans des conditions
indécentes… » mais que finalement
en restant espagnols de cœur, sans renier leur origine, leur sensibilité
identitaire, ils sont toujours allés vers un multiculturalisme d’intégration
solidaire et fraternel…
La vendimia francesa contará este año con 14.000
temporeros llegados desde España
Es una campaña con un mayor atractivo económico, ya que el país vecino ha
situado el Salario Mínimo Interprofesional de Crecimiento (SMIC) en 10,03
euros/hora, 15 céntimos más por hora trabajada que el año pasado.
2 AGOSTO 2019
EFEAGRO
Cerca de 14.000 temporeros se
desplazarán este año a la vendimia francesa en una campaña con un mayor
atractivo económico, ya que el país vecino ha situado el Salario Mínimo
Interprofesional de Crecimiento (SMIC) en 10,03 euros/hora, 15 céntimos más por hora trabajada que el año
pasado. La secretaria de Migración de UGT, Lucía García, ha presentado hoy en
rueda de prensa los principales datos de esta campaña, que comenzará a final de
mes.
Andalucía vuelve a ser la comunidad
autónoma que más trabajadores envía, con 10.400 del total; le siguen Comunidad Valenciana (1.000), Región de Murcia (650), Castilla-La
Mancha (450) y 1.500 trabajadores del resto de regiones. La campaña mantiene
una cifra de temporeros similar a la de 2018, si bien supone un millar menos que
hace dos años.
Se trata de una reducción que el
sindicato achaca al leve crecimiento de la economía española y a la pérdida de
uva en unas 2.500-3.000 explotaciones de las zonas de Burdeos, Las Landas y
Pirineos Atlánticos, a consecuencia del pedrisco caído en
mayo.
Al igual que en ediciones anteriores,
los vendimiadores permanecerán en Francia una media de 20-25 días, aunque
algunos grupos realizarán la vendimia más temprana y se
trasladarán posteriormente a zonas de recogida tardía, por lo que pueden prolongar
su estancia hasta los 50 días, según ha recordado García. La jornada laboral
será de 35 horas semanales y a cada hora extra (hasta las 43) se le aplica una
mejora salarial del 25 %; porcentaje que llega al 50 % a partir de las 43 horas
semanales.
Un vendimiador durante la vendimia en un
viñedo de la localidad francesa de Rivesaltes. EFE/ARchivo. Guillaume
Horcajuelo
En este sentido, García ha incidido en
el “atractivo” que tiene esta actividad para los temporeros, ya que las condiciones
labores y económicas son mejores a las ofrecidas en
España.
A su juicio, “en España no se cumplen
los convenios colectivos” en el campo y, “en algunos territorios, no se aplica
el Salario Mínimo Interprofesional de 7,13 euros/hora”. “En contraposición, en
Francia hay buenas condiciones”, ha insistido, tras incidir en el mayor SMI, el
abono de las horas extras o las prestaciones familiares que generarán en la vendimia.
Así, si se realiza una actividad igual o
superior a 18 días de trabajo o 120 horas al mes o 200 horas al trimestre, se
puede solicitar en Francia un subsidio familiar, siempre que tengan dos o más hijos a su cargo.
“Si los trabajadores tuviesen acceso en
España a esas condiciones favorables de salario y jornada, no se desplazarían hasta Francia”, ha asegurado. Entre
las recomendaciones que hacen a los temporeros desde UGT, están que se
desplacen con contrato en origen, usen líneas de autobuses regulares para los
desplazamientos y tengan previsto el alojamiento, ya que la mayor parte de los
empresarios no lo ofrecen.
El 90 % de los vendimiadores ya ha
participado en anteriores campañas y el perfil suele ser el de un trabajador
que se dedica al sector agrario en España durante el resto del año.
Por su parte, el secretario sectorial
Agrario y de Manipulado Hortofrutícola, Emilio Terrón, ha hecho hincapié en el
atractivo de las condiciones en Francia, mientras en España hay empresarios
agrarios que no están aplicando la subida del SMI, especialmente en
Huelva, Almería, Extremadura, Murcia y Cataluña, de
acuerdo a sus datos. En su opinión, “si los empresarios aplicaran la ley y
firmasen convenios con condiciones dignas, propias del siglo XXI, seguramente”
no habría desplazamientos a Francia.
Las condiciones de alojamiento.
Pourquoi
manque-t-on de saisonniers en France, en particulier pour les vendanges ?
Par Jonathan
Dubrulle.
En
ce début septembre, la France vendange ou s’apprête à vendanger. Si les grappes
mûres n’attendent plus qu’à être ramassées pour entamer une nouvelle vie, les
vendangeurs se font parfois discrets. En effet, à l’image d’autres
productions agricoles, la viticulture est confrontée à une réelle pénurie de main d’œuvre.
PÉNURIE
SUR LE MARCHÉ DU TRAVAIL AGRICOLE SAISONNIER
Un
constat : la Ferme France a besoin de bras. De nombreuses productions
demandeuses en main-d’œuvre peinent à trouver les effectifs nécessaires.
Pourtant,
selon les derniers chiffres fournis par la MSA (Mutualité Sociale Agricole),
près d’1,2 million de contrats saisonniers ont été signés en 20161.
Une autre étude, s’appuyant sur des données datant de 2014, nous apprend que la
masse salariale saisonnière représente même 70 % des emplois totaux en
agriculture, mais 22 % du volume de travail2.
Par ailleurs, la viticulture est le premier demandeur de main-d’œuvre,
employant 45 % des saisonniers embauchés3.
Pour
recruter, les exploitants utilisent différents canaux : connaissances et
« bouche- à-oreille », annonces dans la presse professionnelle ou
recours aux services de Pôle Emploi. En faisant une
rapide requête sur cette plateforme, près de 330 offres ressortent, dont
certaines recherchant jusqu’à 20 vendangeurs sous peu4.
Mais
toutes les offres ne trouvent pas preneur. Fin août 2018, à la veille des
premières vendanges, la directrice d’un groupement d’employeurs bordelais estimait
au micro d’Europe 1 qu’elle recueillait près de 5 offres
d’emplois pour 1,5 vendangeur effectif5.
De même, une étude statistique menée par Pôle Emploi estime que près de 26 %
des viticulteurs et des arboriculteurs spécialisés rencontrent des difficultés
à recruter6.
En Nouvelle Aquitaine, deuxième région viticole de France représentant près de
30 % des surfaces cultivées7,
le recrutement serait un problème pour plus de 40 % des professionnels8.
PREMIERS
ÉLÉMENTS D’EXPLICATION À LA PÉNURIE DE MAIN-D’ŒUVRE SAISONNIÈRE
Face
à cette pénurie de main-d’œuvre,
diverses hypothèses peuvent être formulées pour expliquer le phénomène.
D’abord, par souci de productivité, d’optimisation des coûts de production ou
pour s’épargner la recherche de saisonniers, certains viticulteurs ont choisi
de mécaniser leur récolte.
Ensuite,
la rentrée universitaire a lieu plus tôt, excluant un certain nombre
d’étudiants du marché du travail saisonnier.
Par exemple, sur le site internet de l’université Paris Sud, on peut remarquer
que la quasi-totalité des rentrées ont lieu avant le 15 septembre9,
idem pour Lyon III10.
Notons que le recours à la main-d’œuvre étudiante est loin d’être négligeable,
puisqu’en moyenne 25 % des vendangeurs ont moins de 25 ans11.
De
même, si les vendanges 2018 ont débuté précocement, une récolte tardive causée
par des conditions climatiques moins favorables peut également priver les
viticulteurs d’une main-d’œuvre étudiante de retour en cours.
L’HÉBERGEMENT
DES VENDANGEURS : UN CHEMIN DE CROIX
Aujourd’hui,
une partie des producteurs ne propose plus d’héberger les saisonniers. Nombre
d’annonces stipulent que « le couvert et le
logis ne sont pas fournis ».
Parmi
les éléments de réponse pouvant être avancés, retenons que le poids des normes
d’hébergement qui s’appliquent aux viticulteurs est loin d’être négligeable. La
version 2017 de la Convention collective des vins de Champagne stipule par
exemple :
Toute
pièce destinée au sommeil peut recevoir au maximum 12 travailleurs. Sa
superficie minimale est de 4,5 m² par occupant. Les lits superposés sont
interdits. Les pièces destinées au sommeil sont séparées pour les hommes et
pour les femmes. Chaque occupant dispose d’une armoire fermant à clé.
– la salle d’eau
comporte des lavabos à raison d’un pour six personnes. Des douches et des
cabinets d’aisance sont aménagés à raison d’un pour huit personnes…12
Le
même document évoque également un « ratio
vendangeurs/sanitaires » ou détaille les caractéristiques
des conditions d’accueil des chambres, devant notamment comporter « une cloison fixe, légère, de type montée sur vérins, dont la
largeur est au moins égale à la longueur d’un lit. »13
Toutefois,
les conventions collectives ne sont pas les seules à fixer des règles strictes.
Les articles R. 716-7 et R 716-10 du Code rural fixent notamment
des conditions minimales pour les chambres et espaces collectifs, en
mentionnant par exemple14 que
Toute pièce
destinée au sommeil peut recevoir au maximum six travailleurs. Sa superficie
minimale est de neuf mètres carrés pour le premier occupant et de sept mètres
carrés par occupant supplémentaire. Les lits ne peuvent être superposés.
Ces
normes d’accueil zélées découragent une partie des employeurs à mettre des
chambres ou vendangeoirs (nom donné aux lieux d’accueil) à disposition de leurs
salariés. Ainsi, certains d’entre eux, non motorisés ou résidant loin des zones
de récolte se tournent vers d’autres emplois.
LE RÔLE
SIGNIFICATIF DES TRAPPES À CHÔMAGE
Le
versement de minimas sociaux et de bourses étudiantes n’incite pas forcément
les individus à travailler pour subvenir à leurs besoins quotidiens. En effet,
les bénéficiaires arbitrent rationnellement entre travail salarié, engendrant
des coûts (déplacement, restauration, éventuelle garde d’enfants) et réduisant
la proportion de temps libre ; et d’autres activités où le revenu est
supporté par les contributions (non volontaires) d’autrui.
Ainsi,
par ce système d’allocations pouvant engendrer une déresponsabilisation
financière, l’offre de force de travail
diminue. Les travaux agricoles saisonniers pâtissent inexorablement de ce phénomène.
L’administration
fait néanmoins preuve de tolérance, en mettant en place le « contrat
vendanges », cumulable avec le versement du RSA et compatible avec une
activité salariée simultanée dans la fonction publique15.
Pourtant,
dans son projet de loi finance, le gouvernement entend supprimer l’exonération
de charges sociales dont bénéficient les employeurs de main-d’œuvre saisonnière16.
Cette décision contribuerait à augmenter le coût du travail, diminuant la
compétitivité prix des exploitants français par rapport à leurs concurrents
espagnols ou italiens.
QUI VA
CUEILLIR LE RAISIN ?
Malgré
des besoins élevés en main-d’œuvre, les viticulteurs peinent à recruter. Parmi
les facteurs d’explication, retenons les contraintes qui pèsent sur
l’hébergement des vendangeurs et l’effet « trappe à chômage » qui ont
un effet équivoque.
Même
s’il est parfois possible de substituer la récolte manuelle par des machines à
vendanger, certaines zones, à l’image des Côtes Rôties ou certains vignobles de
montagne, ne sont pas mécanisables, et la main de l’homme s’avère difficilement
remplaçable. Notons également que la pénurie de main-d’œuvre touche également
d’autres travaux viticoles, notamment la conduite d’engins, la taille ou le
relevage.
La cara amable.
Des habitants du village de Pruna, en Andalousie,
venus faire les vendanges au Château Montrose, dans le Bordelais, le 23
septembre 2014 — Mehdi Fedouach AFP
Depuis plus de 50 ans, un même village d'Andalousie,
dans le sud de l'Espagne, fournit la cohorte des vendangeurs du Château
Montrose, grand cru classé de Bordeaux, qui loue le professionnalisme et la
flexibilité qu'offre cette main-d’œuvre.
Antonio Sanchez, chef d'équipe, a fait pour la 42e
fois les 1.200 kilomètres depuis son village de Pruna (3.000 habitants), au sud
de Séville, pour rejoindre les terres du Médoc, dans le sud-ouest de la France,
où s'étendent les vignes du Château Montrose, second grand cru classé 1855 en
appellation Saint-Estèphe.
«Il connaît le vignoble par cœur», se félicite Hervé
Berland, gérant du château, propriété de Martin et Olivier Bouygues, une
famille fondatrice d'un grand groupe de bâtiment et travaux publics et de
communication.
«C'est un énorme avantage car on a affaire à des
coupeurs professionnels qui sont impliqués tout au long de l'année dans la
cueillette de différents fruits. Ils ont l'habitude de ramasser les raisins
avec rapidité et efficacité en respectant les consignes de ramassage qu'on leur
donne», ajoute-t-il.
Ces saisonniers voyagent au fil des cueillettes,
melons en été, olives à l'automne.
L'origine de ce partenariat remonte à l'après-guerre,
du temps du précédent propriétaire, Jean-Louis Charmolüe. «A l'époque, c'était
le plein emploi en France et il était très difficile de trouver du personnel
temporaire alors qu'en Espagne c'était un peu l'inverse», explique Hervé
Berland.
C'est l'adjoint chef de culture, Paul Martin, parlant
un espagnol impeccable, qui relaie auprès d'Antonio les directives de
ramassage: «Je lui donne le plan du vignoble et lui indique seulement quelle
parcelle il a été décidé de ramasser. Après, c'est lui qui dirige l'équipe,
j'ai totalement confiance en lui», explique-t-il.
Quelques mots criés avec un fort accent andalou et la
cohorte se place en bout de rang de vigne. Une partie des 62 vendangeurs
portent les caisses sur le dos, tandis que les autres, sécateur en main,
s'élancent dans un ballet parfaitement huilé.
«Ils sont disciplinés et terriblement efficaces,
regardez avec quelle rapidité ils coupent les grappes au bon endroit. Il y a de
la fluidité et de la dextérité dans ce travail», s'enthousiasme Hervé Berland.
- Comme une famille -
Outre la discipline et la méthode de la troupe, Hervé
Berland loue la flexibilité qu'apportent ces vendangeurs qui logent sur la
propriété dans des bâtiments mis à leur disposition. Il avoue se sentir lié à
eux par «une vraie part d'affection».
«C'est très pratique de les avoir sous la main. Cela
permet d'avoir un pilotage des vendanges sans les contraintes que l'on peut
avoir quand on s'adresse à une troupe qui vient de Bordeaux, avec des gens qui
ne se connaissent pas, qui ne connaissent pas le domaine et qui ne sont pas
toujours disponibles quand on a besoin d'eux», indique-t-il.
A Montrose, l'équipe doit rester quatre semaines pour
vendanger les 95 hectares du domaine situé au bord de l'estuaire de la Gironde.
«C'est un coût d'avoir cette troupe en continu alors
que l'on n'a pas quatre semaines de cueillette», concède le gérant du château.
«C'est un effort financier que l'on est prêt à faire car il ne suffit pas
d'obtenir la maturité optimum du raisin, il faut le cueillir parcelle par
parcelle, à cette maturité. C'est essentiel pour faire un grand vin», dit-il.
«La première fois que je suis venu travailler ici
j'avais 16 ans. C'était mon oncle qui s'occupait de faire venir des
vendangeurs, une quarantaine au départ issus de la même famille», raconte
Antonio, qui a pris la succession de son oncle.
Et si, depuis plus de quarante ans, le château
continue de faire appel aux saisonniers de Pruna, «c'est parce qu'on travaille
bien, qu'on ne pose pas de problème et qu'on s'entend tous très bien»,
assure-t-il.
«C'est comme une famille, c'est très agréable de
travailler tous ensemble et ça paye bien», dit Anita Molina Gardena, qui vient
à Montrose chaque année depuis 15 ans.
Après les vendanges en France, ces saisonniers
professionnels repartiront en Espagne pour la saison des olives.
La cara menos amable.
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